par Valérie Hervieux
Le contexte de travail actuel, qui favorise une intensification du travail et une amplification des attentes de productivité, créé un déséquilibre entre la santé des employés et leur travail. De plus en plus d’employés se rendre au travail malgré le fait que leur état de santé aurait justifié qu’ils s’absentent. Ce phénomène se nomme le présentéisme et a fait l’objet de plusieurs études en santé organisationnelle depuis les trois dernières décennies.
Le présentéisme est un phénomène préoccupant puisqu’il est associé à plusieurs effets négatifs, et ce, tant pour l’employé que l’organisation. On pourrait croire qu’un employé présent au travail, mais dont la santé est détériorée, est tout de même plus performant que lorsqu’il est complètement absent. Or, les résultats de plusieurs études témoignent du contraire : la perte en coût et en productivité serait plus grande lors des journées de présentéisme que lors des journées d’absentéisme (c.-à-d. s’absenter pour maladie) [1-5]. Le présentéisme serait effectivement plus coûteux pour les organisations que l’absentéisme [6, 7].
Le présentéisme pourrait également susciter chez l’employé qui est malade au travail un sentiment d’inefficacité au travail dû à la perte de productivité [8]. En travaillant en dépit d’une contrainte de santé, les employés sont plus susceptibles de voir leur charge de travail augmenter étant donné qu’ils n’arrivent pas à être aussi performants [9]. Cette augmentation de la charge de travail combinée à une diminution de l’efficacité nuerait par le fait même à la satisfaction au travail [10].
Plusieurs études se sont intéressées aux causes du présentéisme et parmi celles-ci, on y retrouve les facteurs liés aux individus. Ces facteurs incluent entre autres les habitudes de vie des employés. De façon générale, les recherches ayant étudié la relation entre le présentéisme et les habitudes de vie, et plus précisément la pratique d’activité physique, tendent à démontrer que les employés physiquement inactifs sont moins productifs, s’absentent plus fréquemment et ont une capacité de travail diminuée que les employés physiquement actifs. Plusieurs recherches ont d’ailleurs permis d’associer les bénéfices de l’activité physique à la réduction du présentéisme, sans toutefois avoir établi de relation de cause à effet [11-16].
[...] les employés physiquement inactifs sont moins productifs, s’absentent plus fréquemment et ont une capacité de travail diminuée que les employés physiquement actifs.
Une étude réalisée en 2014 a permis de montrer que les employés ayant un mode de vie sain étaient ceux qui étaient les plus productifs au travail. Les chercheurs ont étudié l’adoption de quatre habitudes de vie : être physiquement actif, manger 5 portions de fruits et légumes par jour, ne pas fumer et consommer de l’alcool de façon modérée. Les résultats ont montré que les employés qui adhéraient simultanément à ces quatre habitudes de vie avaient rapporté une perte de productivité moindre que ceux qui n’adhéraient à aucun de ses quatre comportements.
Les résultats des études citées dans ce texte témoignent de l’importance de nos habitudes de vie sur notre santé, mais également sur notre vie professionnelle. Notre santé est notre ressource première, sans elle, il est quasi impossible d’atteindre les objectifs qu’on se fixe. L’activité physique est l’une des meilleures façons d’améliorer sa santé et de la maintenir.
Valérie Hervieux
MSc, candidate au doctorat en management
https://www.promouvoirlasante.com/
À propos de Valérie
Après avoir terminé son baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé, Valérie a voulu explorer d’autres façons de promouvoir l’activité physique. C’est pourquoi elle s’est lancée dans une maîtrise en kinésiologie, où elle a découvert la promotion de la santé en milieu de travail. Dans le cadre de son projet de maîtrise, elle a expérimenté les réunions actives, qui consistent à faire des réunions en étant actifs. C’est ainsi qu’elle a développé une expertise en ce qui a trait aux comportements sédentaires, à leurs effets sur la santé et aux façons de les diminuer. Elle commence désormais un doctorat en management et s’intéresse aux habitudes de vie des employés. Elle tente de voir comment celles-ci peuvent influencer le présentéisme qui désigne le fait de se présenter au travail alors que son état de santé aurait justifié que l’on s’absente. Elle a le profond désir de faire de la science qui sert aux entreprises et qui a des contributions sociales. C’est pourquoi elle a d’ailleurs cofondé avec sa sœur le blogue Promouvoir la Santé qui a pour but de développer le pouvoir d’agir des gens sur leur santé. Ce blogue, de même que les articles que Valérie écrit pour Le Blogue du Mouvement représentent des façons pour elle de rendre la science au service de tous en vulgarisant la recherche.
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